samedi 6 février 2010

Pour marcher avec le Monde, il faut apprendre à marcher Seul



Voyons ensemble, un petit résumé de notre Pratique.

La Méthode de l’enseignement et ses pièges.



Les cinq facteurs de la Pratique :
Pour commencer une pratique personnelle, les textes anciens nous citent plusieurs critères à remplir : il faut en effet trouver une Voie, un Professeur, un Groupe et cela dans un temps et un espace qui convient à notre état d’évolution.

Nous devons déjà aller vers un enseignement que nous choisissons. Que ce choix soit le fruit d’une rencontre ou d’une recherche, il faut qu’il corresponde à notre besoin.

Il est par exemple utile de connaitre l’origine d’une voie spirituelle avant de s’y engager.

Si cette voie est une voie de renoncement et d’isolement religieux, elle sera peu compatible avec une vie citadine d’une personne qui travaille.

Cela peut paraitre anecdotique, mais des techniques d’apaisement du mental d’une pratique de retraite du monde ne seront pas efficaces dans une confrontation urbaine.

Il est important de trouver une Voie qui soit cohérente avec sa façon de vivre.

On dira ce qu’on veut, il n’est pas pratique de devoir porter des vêtements orange tous les jours...

Ayant choisi la voie, il faut trouver l’enseignant.

Un professeur qui est un lettré peut surement discourir et enseigner les textes de la voie, mais il ne doit pas seulement être un savant...il faut qu’il ait pratiqué ce qu’il enseigne, ou qu’il pratique encore (c’est souvent mieux).

Si vous allez un jour en montagne dans un endroit sauvage, vous serez plus enclin à choisir un guide du coin qui connaît le terrain plutôt qu’un érudit qui a écrit un livre sur la région...

Un professeur ne doit pas être seulement un pratiquant accompli, car si c’est très bien pour lui, cela ne veut pas dire que c’est un bon enseignant, qu’il peut passer son savoir.

Le professeur doit dans l’idéal être un être humain heureux qui a suivi l’enseignement qu’il donne et qui vit comme sa Voie le recommande. Il est préférable qu’il soit toujours un pratiquant actif.

Il est important aussi que dans la voie, les frères et soeurs de pratique s’entendent bien et que la dynamique du groupe soit dans l’échange et non dans la compétitivité.

Il est impossible que tout le monde soit amis, mais au moins que l'entente cordiale soit réelle. Un membre qui ne s’intègre pas au groupe ne pourra être bien, un groupe qui subit des éléments perturbateurs non plus.

Nous avons maintenant la trilogie nécessaire pour une pratique personnelle saine.

Il faut rajouter à cela la composante espace/temps : il faut que ce soit le bon moment et le bon endroit.

Mais si ces conditions sont là, il faut plonger, s’engager et s’investir.

Il est important de considérer la chance de trouver une pratique de découverte de soi qui nous plait, il est irresponsable de ne pas le prendre au sérieux


La chance de se questionner : une voie vers le Réel
Le questionnement de sa condition Humaine, le refus de se contenter de peu et l’envie de connaitre sa vraie place dans le monde sont de bonnes façons de commencer une voie.

En fait, toutes les attentes les plus malades sont de bonnes façons de rentrer dans une recherche personnelle.

L’attente première, toujours fantasque, doit être dépassée par l’entrée dans une pratique sérieuse. On rentre toujours pour une mauvaise raison dans l’enseignement, toujours. Cette vérité se dévoile au fil de sa pratique.

La pratique quotidienne permet de faire disparaitre les illusions et de gagner une meilleure perception du réel.

Les perceptions que nous avons sont toujours teintées de nos préjugés et de nos émotions : il n’y a pas de perceptions externes.

Toutes stimulations de nos sens, interprétées par notre intérieur, ne sont pas le réel : elles ne sont que ce que nous acceptons de voir.

Regardez à quel point notre humeur et nos émotions vont changer la façon dont nous recevons un compliment, une injure ou une nouvelle.

Par une pratique équilibrée, nous pouvons éliminer une bonne partie des préjugés et ainsi percevoir plus justement le monde réel.

Cette rencontre de la réalité ne peut être qu’un voyage seul, puisque les sensations ne sont qu’internes.

La pratique est un apprentissage à s’entrainer
Il est important de comprendre que la pratique est une voie de discipline, mais une discipline joyeuse et enthousiaste.

Cette discipline n’est pas forcée, elle se découvre par les bénéfices gagnés par expérience directe, dans le quotidien de sa Voie.

C’est la voie de la connaissance de soi qui amène vers l’autre, vers le monde et le partage, mais le travail interne est un travail seul.

Le rapport à l’autre va jouer énormément sur notre rapport à nous même.

Ce qui est le plus important, c’est de s’enthousiasmer pour son entrainement quotidien, dans toutes ses déclinaisons : corps, énergie et esprit.

Le travail d’apprentissage n’est pas la pratique : il faut entrainer ce qui a été appris, rechercher une intimité avec chaque domaine de la Voie.

Le cumul d’apprentissage sans un travail d’assimilation par une pratique quotidienne n’est rien : seule l’expérience directe, liée au passage à l’acte, a une valeur pour le pratiquant.

Il faut le faire...et seulement là : « ça marche » !


Le professeur montre la voie, le pratiquant fait tout le reste
Il est évident que le rolle du maitre, du professeur, est très important : il donne les informations qui montrent la méthode et donne les corrections qui aident à pratiquer correctement.

De plus, si le professeur est un « bon » professeur, il a toujours réponse aux questions de ses élèves.

Le professeur n’est pas un lettré de la pratique, mais il peut aimer se cultiver sur le domaine de la Voie. Le professeur n’est pas juste un bon pratiquant, mais il doit avoir passé les étapes de son enseignement.

L’intérêt d’un enseignement ancien, c’est qu’il cumule des informations et des réponses adaptées à tous.

Le professeur donnera toujours en fonction de la demande, c’est dans le principe d’équilibre.

Mais attention au rôle que vous donnez au professeur, il ne retire pas l’importance de votre bon sens ou les responsabilités que vous avez envers le quotidien.

Tout en étant disponible, il n’est pas là pour porter vos fardeaux ou organiser une garderie hebdomadaire.

De même, si le professeur ne vous connait pas, comment peut-il vous aider ?

Le Fantasme des Trois Paresses
Nous parlons dans notre tradition de 3 Paresses : « Chouiner, Flâner et Prétendre »

Chouiner, c’est se plaindre, commenter, alors qu’il serai surement plus sage de pratiquer.

Attention, ce n’est pas le fait de tout garder pour soi et de ne pas communiquer avec ses frères et soeurs d’école ou avec son professeur...c’est le fait de se plaindre en boucle à propos de faux problème qui permet de se faire rassurer.

La vie n’est pas une expérience rassurante, la Voie non plus.

Flâner est en fait une gentille façon de dire « Glander ».

Malgré une assurance que la pratique c’est très bien ou dans l’assurance de sa supériorité intellectuelle et physique, on ne pratique pas.

Pas de soucis, nous sommes tous libres de faire ce qui nous plait...Mais...

Mais si l’on ne pratique pas, ça ne marche pas.

On se retrouve tôt ou tard dans une fosse profonde et sombre, englué dans nos fantasmes de grandeur et sans réponse aux mouvements du monde.

Et puis il y a prétendre...

C’est la paresse la plus fourbe : on cherche venir plus en cours pour essayer de « prendre » plus d’information (peut être un secret qui glisse de la bouche du Professeur qui est un peu distrait), c’est aussi chercher à lire sur le sujet de la pratique, se renseigner sur ce que font les autres et si ce n’est pas mieux que ce qu’on fait chez nous, discuter et tergiverser, supputer et corrompre la Voie en perdant du temps, mais de façon subtile.

Tellement subtil que parfois on ne se rend compte de rien et si l’on ne discute pas avec son professeur, il est possible de faire ça tout le long de sa Voie...qui de ce fait n’est qu’un savoir horizontal.

Un des concepts fondateurs de notre tradition est celui des cycles naturels.
Laisser le temps au temps.

Avec le meilleur professeur du monde et avec les qualités idéales d’un élève parfait...il faut du temps aussi.

Sans digestion des informations, pas de pratique : le temps d’apprentissage permet de passer à la pratique réelle, mais il faut s’approprier ce qui a été appris.


La voie est un chemin de vie qui nous permet de nous comprendre, de rencontrer l’autre avec ouverture et de pouvoir nous fondre dans les changements du monde.

Il faut accepter que personne ne puisse faire le travail à notre place.

Comme on dit dans le Daozhang :

« Ne pas pratiquer en connaissant la voie est sot ;
Trop s’entrainer est une manière de fuir sa vie et ses responsabilités ;
Chercher sur 50 voies est l’assurance de l’échec. »

Et pour conclure :

Usus Magister Est Optimus