lundi 26 avril 2010

Sources de Confusion



Si en mai il est possible de faire ce qu’il nous plaît, ce n’est pas une raison pour faire n’importe quoi.


Il faut savoir remettre parfois quelques détails en place, pour aller dans une bonne direction.


Voici plusieurs sujets de questionnement qui peuvent nous aider sur la Voie.





La compétition et le combat


Pour ceux qui regardent la Voie comme une école de défense personnelle, ce qui est le cas, il faut comprendre que nous parlons de combat.


Le combat de survie, dans l’optique d’une situation de confrontation réelle et non d’une compétition d’ego, demande d’autres qualités que celles des sports de combat.


Le fantasme que nous pouvons avoir de la violence, nourri de films japonais et de lectures faciles, nous oriente vers de mauvais choix.


Les sports de combat développent bien entendu des qualités en rapport avec les combats de survie, mais certains réflexes font la différence entre la réalité et le sport.


Les qualités de survie dans une confrontation physique sont :

  • La prise de décision : y aller ou pas (capacités de négociation, dialogues),
  • La force d’impact de nos frappes : pas de techniques, de la force de percussion,
  • Une réalisation des distances de combat : loin ou proche, jamais d’échange.


Les sports de combat développent une distance d’échange qui permet la compétition, pas la survie.


Ceux qui confondent les deux vont au devant de soucis.



La faute de la Voie


Il faut bien voir que la Voie de développement spirituelle, de réalisation de soi, est un outil.


C’est un outil génial et grandiose, mais ça reste un outil.


Le professeur est celui qui montre l’utilisation des outils, grâce à son expérience et parfois avec des qualités d’enseignement.


Mais comme tous les outils, il est possible de mal s’en servir, écoutant ses préjugés et son ego plus que ce qui est dit... le résultat étant que l’outil ne fait pas ce qu’il est censé faire.


Est-ce que cela remet en cause l’outil ? Non, bien sûr.


Pour évoluer dans la Voie, en profiter pleinement, il est parfois besoin de perdre un temps fou à se "désengluer" de ses façons de faire malades, de son incapacité à écouter et de sa fausse supériorité.

Si nous acceptons le travail à faire, dans une vision plus claire de nos défauts et de nos comportements, les changements s'opèrent.


Et l’outil reste l’outil, qui n’a pas beaucoup changé depuis le début et qui ne changera pas beaucoup plus tard.


Alors si vous sentez que la Voie «c’est dur» , que «ce n’est pas comme on croyait» ou que «c’est vraiment trop injuste»... si vous sentez une déception ou une injustice, que vous voyez des incohérences, des zones d’ombre... si vous vous sentez perdu, abandonné ou dans la confusion... si vous voyez des lumières, que vous entendez des voix et contemplez votre supériorité... si vous ne comprenez pas pourquoi pas vous, pourquoi ça n’arrive qu’à vous ou que vous ne comprenez rien...


Ce n’est pas la Voie, c’est vous.



Le travail d’apprentissage et la pratique


Le professeur et l’enseignement sont source de savoir qui demandent d’être mis en pratique : il fait apprendre et ensuite travailler sur les sujets appris.


Il existe des lieux pour se défouler, pour faire du sport ou pour prendre le thé avec des amis... ces endroits ne doivent pas être confondus avec l’apprentissage de la Voie.


Dans une voie traditionnelle, l’apprentissage se fait sur des bases apprises en cours. Cette recherche est une recherche solitaire, puis mise en action avec les autres membres de l’école.


L’enseignement se partage avec les autres membres de l’école, pas n’importe où et pas n’importe comment. Le respect de l’enseignement lui donne sa valeur et l’importance des changements qu’il procure.


Le lieu d’apprentissage de la Voie, auprès du professeur n’est pas une garderie ou une succursale d’un club de gym, ce n’est pas le lieu de pratique, c’est le lieu d’apprentissage.


La confusion de tout ça donne la déception et la confusion qui mènent à la critique de la Voie.


La pratique doit être une expérience personnelle, sinon les changements ne seront pas profonds, transformant.



L’engagement nécessaire


Vous aurez dans la Voie ce que vous y mettez.


Si vous vous y engagez de 20h21 à 20h34, devant TF1, avec une bière et une cigarette, vous pouvez imaginer ce qui va en ressortir.


Le soucis vient aussi de l’inverse : si vous vous engagez dans la Voie pour que celle-ci révèle votre grandeur et votre unicité, si vous ritualisez votre temps de pratique d’une façon exagérée, si vous pratiquez en sachant que vous êtes au-dessus de tout ça... le temps de réalisation va être plus long... vraiment plus long.


La pratique doit être un moment quotidien ou l’enseignement est mis en action, dans une attention particulière. De plus, les concepts de la Voie devraient vous accompagner tout au long de la journée.


Un regard indifférent, critique ou méprisant sur la Voie vous dirige vers une déception assurée.


La Pratique de l’enseignement doit vous élever vers une bonne santé, un corps/esprit uni et vers une prise de conscience de votre propre spiritualité.


Si vous ne vous sentez pas en accord avec tout ça, il faut clarifier la pratique, parler avec le professeur et redéfinir votre position dans l’engagement sur votre voie.


Encore une fois, la Voie vous permettra de récolter ce que vous y aurez semé.



Le temps du changement


Nous avons la chance de vivre un grand moment de changement et une prise de conscience globale, un temps d’évolution de la conscience humaine.


Cette période est une grande vague sur laquelle nous pouvons surfer avec notre pratique personnelle, un accomplissement personnel pour aider par l’exemple (pas les concepts creux ou les conseils à deux balles).


Ce moment est idéal pour se forger un corps/esprit travaillé qui va inspirer ceux qui nous entourent.


Le changement de la société et du groupe, du monde connu, demande une dynamique personnelle pour se réaliser.


Nous sommes dans une recherche, dans une pratique qui permet cette compréhension, ce travail d’évolution.


Nous devons oublier que nous faisons du taoïsme, du bouddhisme ou de l'aïkido et changer dans le but d’évoluer vers la réalisation de notre condition d’être humain.


Ce moment de changement mondial ou la prise de conscience sort de son jardin et prend en compte la vie sur notre planète, est une grande opportunité d’introspection.


Le microcosme et le macrocosme évoluent d’une façon similaire et dans notre pratique quotidienne nous pouvons aider ce mouvement.


Le moment n’est plus aux querelles de styles (sachant que nous avons le meilleur), mais à un travail personnel qui va déboucher sur un partage universel.


Voilà de quoi attiser vos questions.

vendredi 23 avril 2010

Shen Gong : L’essence de l’Amer

La pratique de la connaissance de l’esprit, la partie la plus yang de l’entraînement, est un obstacle souvent perçu comme infranchissable.

Le physique est un travail de longue haleine, mais il suffit de répéter des gestes dans une attention ferme, et tout se met en place.

Par une obstination farouche, les blocages du corps ne résistent pas à la pratique quotidienne, pas plus que la faiblesse ni la fatigue.

L’entraînement énergétique, reposant sur le souffle et la posture, l’attention et le travail du corps, prend appui sur une partie kinesthésique qui soutient l’attention et la sensation.

Dans le Shen Gong, seul l’esprit est observé dans ses mouvements, il n’y a plus de rebord pour s’accrocher.

Sans moyen de pression, sans capacité à forcer, démuni de nos tricheries habituelles, l’esprit n’est pas un sujet d’expérimentation facile.

De plus, dans notre résistance «passive-agressive», notre mental révèle toutes nos tensions, toutes nos incohérences et nos mensonges : plus nous le poussons, plus nous essayons d'échapper à son contrôle, plus il va nous projeter nos inconsistances personnelles.

Ainsi, plus notre vie est pavée de personnages egotiques, plus nous vivons à l’encontre de nos valeurs, plus nous essayons de fuir ce que nous savons important, plus notre mental va nous persécuter.

Nous serons tour à tour englués dans une torpeur salvatrice, une migraine opaque ou une nausée rédemptrice... tout est bon pour ne pas percevoir nos incohérences mises en place depuis de nombreuses années.

Le Shen Gong donne un accès direct à un bonheur profond, une rencontre avec soi-même, qui va ouvrir la «Porte des Merveilles».

Voyons ensemble quelques grandes directives pour passer notre temps de Shen Gong à autre chose que compter les moutons sur la moquette ou prévoir la liste des courses : Les huit Règles de l’essence de l’Amer.

Ne rien attendre : C’est pour le plaisir !


Acceptant que nous commençons toujours une pratique pour une mauvaise raison, il faut comprendre que l’attente à une place particulière dans le Voie (voir le texte sur l’attente).

Elle est nécessaire pour le début d’une pratique soutenue mais elle est aussi à l’origine de nos blocages les plus fourbes.

Il ne nous est pas possible de chasser l’attente de notre esprit, mais il est possible de repositionner notre attention durant la pratique du Shen Gong pour échapper un peu à notre attente.

Chaque jour, asseyez vous pour votre pratique sur l'esprit en passant un contrat avec vous-même : «aujourd’hui je pratique pour rien, pour le plaisir... demain je recommence le recherche d’un accomplissement qui me rendra le plus fort du monde».

Plus sérieusement, asseyez vous dans une totale gratuité, dans la recherche d’un moment à vous seul, pour le plaisir de se connaitre mieux... sans rien attendre.

Il est aussi intéressant de savoir que rien n’arrivera si vous partez dans l’esprit d’un succès quelconque, ou dans la volonté ferme de voir des lumières ou des divinités étincelantes.

Asseyez vous dans l'appréciation du luxe que l'on peut s'offrir de prendre un temps pour regarder son esprit ; sans but, mais avec une direction (l’exercice de Shen Gong du jour).

Ne pas forcer, ou vouloir bien faire : ce n’est pas une compétition


Regarder son esprit, sentir ses émotions ou focaliser son attention ce n’est pas soulever un âne mort, c’est juste une observation interne de nos fonctionnements.

À l’inverse de travail du corps, un effort soutenu dans la tension ne donnera rien de bon.

L’esprit demande une attention soutenue, détendue et enthousiaste qui doit amener une envie de sourire détendu, pas de grimaces de douleurs.

Vous ne serez pas jugé sur vos efforts ou vos performances, il n’y à rien à gagner en forçant... à part peut-être une migraine.

Ne cherchez pas à bien faire ou à rester plus longtemps que votre frère d’école, essayez plutôt de trouver le plaisir de se connaître.

Certains jours, il sera difficile de faire certaines pratiques de Shen Gong, ne résistez donc pas, mais allez chercher d’autres façons de travailler votre esprit : il y en a toujours une plus plaisante pour se regarder penser.

Ne pas s’attacher : un «truc» n’est pas la Paix Mentale


Chaque pratique de Shen Gong doit être un événement unique qui se répète chaque jour : aucune de vos pratiques ne doit se ressembler, ne doit être comparée ou planifiée.

Il est important de s’asseoir dans une ouverture totale aux expériences possibles, sans recherche ou attente d’un résultat précis.

Si un moment est très agréable, il passera ; si c’est très pénible, il passera aussi.

Il ne faut pas chercher à dupliquer les expériences ou à éviter les sensations : laissez aller, lâchez toute attente et profitez de ce moment unique... chaque jour.

Quand vous trouvez des «trucs», des astuces, pour bâcler votre travail de l’esprit, ne vous attachez pas à ceux-ci, acceptez de repartir comme neuf, sans outil.

Regardez votre pratique comme unique et sans technique, un moment ou rien d’autre n’existe que cette grande chance de passer un peu de temps avec soi-même.

L’attention doit se porter sur l’absence de technique, mais sur le but recherché (qui diffère suivant les jours).

Lâcher : Corps Immobile et Pensées Fixes


Pour trouver un état d’esprit propice à la pratique du Shen Gong, il suffit de se poser dans une immobilité tenue, un alignement correct et une détente liée au confort de la positon de méditation.

Sur une bonne chaise, dans un canapé, parfois allongé (pas de sieste, hein !), il faut que le confort du corps soit la source de sa détente.

Si le corps souffre, dans les contorsions ou les tensions, il n’est pas possible de tenir un esprit calme.

Alignez vous, enfoncez votre attention dans cette immobilité et tournez votre attention sur vos productions mentales : regardez maintenant, sans juger, ce qui se passe, allez ensuite dans votre pratique du jour.

Ce lâcher est la base du Shen Gong, les fondations de votre Temple, l’écran blanc où vous projetez la Manifestation : dans cette conscience de la Conscience, immobile et aligné, vous pouvez tout faire.

Accepter : Reconnaissez vos attentes, Valorisez vos Lacunes


Si vous pouviez rencontrer Bouddha ou Lao Zi, vous n’accepteriez pas qu’on vous dise : «vous avez de la chance, aujourd’hui il est de bonne humeur». Non, vous attendez de ces maitres qu’ils soient posés, ouverts et disponibles.

Vous avez donc pour vos idéaux (que ce soit Gandhi, Candy, William Munny ou Jonas Blane) des qualités souhaitées et un accomplissement minimum rêvé.

Vous n'accepteriez pas un soit-disant maître qui ait des débordements d’humeurs ou des préjugés.

Il n’est pas acceptable que son héros soit idiot ou malléable, faible ou geignard.

Vous vous devez donc accepter ces qualités idéales pour vous.

Vous devez accepter de chercher ces qualités pour vous, dans votre pratique et dans votre vie : il n’y a pas de raison que vos idéaux soit seulement des fantasmes, ce sont aussi des valeurs.

Vous vous devez un idéal de qualité. «Il vaut mieux échouer en cherchant à atteindre des idéaux trop hauts que d’arriver à atteindre des idéaux trop bas» (Ali)

Maintenant que vous réalisez vraiment vers quoi vous voulez tendre, acceptez de voir ou vous en êtes pour l’instant... regardez avec réalité ce que vous devez faire, ce qui doit changer.

Regardez vos souffrances dans les yeux, le temps n’est plus à faire l’autruche : c’est le moment d’accepter.

Soyez complaisant avec vous-même : il n’est pas besoin de souffrir


Nous ne reconnaissons pas le besoin d’avoir mal, de souffrir pour progresser.

Pas de «no pain, no gain» pour nous.

Cela ne veux pas dire que nous ne serons pas confrontés à des moments pénibles dans notre pratique, mais seulement ce qui est nécessaire à notre évolution.

Si vous pratiquez tous les jours, vous êtes déjà dans un effort de compréhension et d’introspection qui est louable : reconnaissez vos valeurs comme vous devez prendre conscience de vos défauts.

Ne vous jugez pas, pratiquez.


Questionnez : Demandez des éclaircissements sur votre Voie


Vous devez avoir un professeur pour le travail de Shen Gong, ceux qui pratiquent en «free style» ne feront qu’une sieste active des années durant.

Le travail de l’esprit est une exploration où une carte (concepts clairs) et un guide (professeur compétent) sont nécessaires.

S'il manque l’un ou l’autre, il n’est pas possible d’aller très loin... vraiment !

Phénomènes : Rencontre d’un autre Type !


Dans les pratiques d’assise, de Shen Gong, il va se manifester une myriade de phénomènes : certains sont le signe d’une évolution profonde dans la Voie, d’autres sont des fabrications idiotes de l’esprit pour vous détourner du but.

Les uns sont plus présents que les autres, à vous de savoir lesquels.

Ne vous laissez pas avoir, ne recherchez rien, renseignez vous et aller dans chaque assise comme la première fois.

Les phénomènes sont importants et réels, puisque vous les percevez, mais leur utilité ou les messages qu’ils colportent peuvent être sans valeur.

Prenez du temps pour pratiquer la vision de votre esprit, pour vous connaître, et vous vivrez dans une détente accrue.

Bon Shen Gong.

lundi 12 avril 2010

Diététique Taoïste - Manger Consciemment



Pour faciliter le fonctionnement de notre corps, l’assimilation de la nourriture est importante. C’est une source de fatigue non négligeable et du bon fonctionnement de notre digestion dépend notre énergie quotidienne.


Les Trois Foyers - 三膲 - (San Jiao) en Médecine Chinoise décrit le fonctionnement du corps humain sous ses aspects les plus importants : Respiration, Assimilation, Excrétion.


Depuis le Huangdi Neijing - 黃帝內經 - (Ouvrage de Médecine Interne de
l’Empereur Jaune), qui a plus de 2000 ans, les Trois Foyers représentent la source du Qi acquis : Souffle et Nourriture ainsi que l’élimination des déchets.



L’entrainement dans notre Voie permet un travail du souffle quotidien et une bonne circulation générale, il est encore possible de raffiner la production du Qi avec une bonne compréhension de l’alimentation.



Chaque aliment à une Nature, une Saveur et une façon d’être préparé pour donner un effet recherché. Cette étude permet de mélanger avec intelligence les produits que nous cuisinons. L’association aux cinq éléments permet de corriger ses déséquilibres ou renforcer certains aspects de notre être.



De plus, la préparation d’aliments permet de donner encore plus de choix d’effets et de gout aux produits dans ses repas. Nous pouvons étudier la découpe, les outils et les modes de cuisson pour parfaire notre recherche d’une meilleure assimilation de notre nourriture. Chaque partie de cette étude nous donne la possibilité de transformer ou d’amplifier les aliments dans leur nature ou leur saveur.



Entre la science d’association des aliments et la façon de les préparer, il nous reste à regarder précisément notre façon de faire, nos rythmes de repas, nos horaires et nos habitudes néfastes.



Dans cette bonne compréhension, nous pourrons apprendre à alléger le travail du corps et à nous ménager, économisant une précieuse énergie qu’il est possible d’investir dans une pratique plus intense.



Cette étude demande trop de détails pour être exposée ici, mais il sera prochainement possible de l’étudier ensemble.